C'est la faute de ce gamin .. [ Caïn ]

Messages : 15 Date d'inscription : 09/07/2013

Ce n'était pas possible. Une librairie, c'était pourtant censé être paisible non ? Et forcément, j'entendais des bruits de bec venir taper à la petite lucarne du grenier. Exaspérée, je maudissais cet oiseau de malheur. J'étais pratiquement sur que c'était la faute à CE gamin. Il avait du faire en sorte de coder l'oiseau afin qu'il vienne m’embêter chaque matin ! Pour arranger le tout, je dormais à même le sol. Je n'avais pas de sommier ni quoi que ce soit qui avait l'aspect d'un lit. Enfin si. Des journaux. Ma dégaine était aussi ravissante que celle des clochards parisiens. Mes sourcils se haussèrent. Mon prochain achat ici serait donc un matelas. Pas besoin du reste, juste un matelas. Étirant mes muscles endoloris, je pris le temps de m'asseoir sur mon tas de journaux pour regarder vers la lucarne. Ca avait beau faire cinq jours que je dormais ici, j'avais la nette impression qu'IL faisait tout pour que je déguerpisse. La preuve était là, ne serait ce qu'avec ce sol dur. Peine perdu, j'avais été envoyé ici par la hiérarchie, et je ne bougerais pas mes fesses. J'étais à l'image des mauvaises herbes coriaces dont je passais mon temps à tenter de me débarrasser.

Ma tête se pencha vers le petit meuble au coin du grenier. Il contenait tout ce que je possédais; c'était à dire pratiquement rien. Même après deux ans ici, je n'étais ni fortunée, ni rien dans le genre. J'avais plutôt tendance à me rapprocher de la pauvreté que de la richesse. J'avais un salaire raisonnable pourtant, mais je le dépensais en tout ce qui concernait la nourriture. Un jour, elle me perdra. D'ailleurs, je pouvais déjà sentir la faim faire gargouiller mon ventre. Dans un soupire résigné, je me redressais et pris la direction de mon petit meuble pour me changer. Je pris la première chose que je trouvais, c'est à dire un short de couleur vert kaki ainsi qu'un débardeur orange -très peu harmonieux- pour les enfiler. Une fois fait, je descendis de mon grenier pour me rendre au second étage. Et chaque matin, c'était la même chose. J'oubliais un léger détail ..

Détail qui me revint très vite en tête lorsque je perdis l'équilibre en butant sur un amas de papier empilé au sol. Aussi gracieuse qu'une larve et dans un brouha assourdissant, mes genoux touchèrent le sol tandis que je parvenais à me rattraper à ce qui semblait être un meuble de rangement , très peu utilisé me semble t-il.. Diantre ...

CAAAAAAAÏN !

Et ca, c'était loin d'être un cri de détresse.

Messages : 35 Date d'inscription : 10/06/2013

►Shuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu !

Un train passait dans les airs, Ses wagons, pleins de croissants endimanchés et barbouillés de café, étaient bourrés, pleins à craquer. Ils l’étaient vraiment. C'est-à-dire que la forme rectangulaire qu’ils avaient eue par le passé était désormais déformée, ressemblant à un cube dont on aurait arrondi les faces. Au sol, des moutons broutaient paisiblement les quelques maisons qui n’avaient pas étés retirées des sillons par les cultivateurs, sans doutes les petites, de moins de trois étages. Ces sillons commençaient à sécher, et certains avaient déjà commencé à fondre ; c’était ceux qui étaient près de la rizière de chocolat, sans doute.
Au milieu de toute cette activité, Caïn sirotait tranquillement une tasse de thé, en chevauchant son livre de chevet, qui voletait par ici et par là, butinant de temps à autre une feuille vierge. Oh ce qu’elles avaient l’air d’aimer quand il les butinait. Elles se couvraient instantanément d’encre, avant de se laisser tomber au sol.
Dans le lointain, Caïn pouvait apercevoir la destination du train aux croissants. C’était un grand canyon de métal, donc chaque paroi avait des tiroirs immenses, et si Caïn ne pouvait pas lire ce qui était gravé dessus, il avait l’intime conviction que les vaches savaient, elles. Restait à en trouver une, de vache.
Car il était bien connu de chaque habitant que si la vache est mine de savoir, l’hippopotame la chassa pendant de longue décennies, forçant la bovine à se cacher. Oui,, l’hippopotame était jaloux de leur goût si tendre dans la bouche, une fois bien cuite, et comment lui en vouloir. D’ailleurs, il commençait à pleuvoir. Rentrant bien vite son livre, Caïn ressortit de la bibliothèque pour aller boire un peu. Ah oui, ça serait idiot de gagner tout ce Gin qui tombait du ciel ! Après quelques minutes à laper une flaque sur le sol de porcelaine qui marquait la séparation entre sa maison et Sa maison, il retourna titubant vers ses amis les moutons, qui eux aussi profitaient du déluge de Gin pour assaisonner leurs petites maisons. Il leur demanda donc s’ils n’avaient pas vu une vache, des fois que. Mais non, rien à faire. Et puis ils n’arrivaient pas à se comprendre si bien que ça, avait le tonnerre qui grondait là-haut.
Et puis, d’un coup, le ciel l’appela.

►CAAAAAAAÏN !

Viuuu ! Dur retour à la réalité. Oui hein, c’était un rêve, n’en déplaise aux friands de croissants. Caïn était bien là, étendu sur sa méridienne, Enfin à moitié, parce que les jambes étaient dans le vide, les pieds touchaient le sol, et il en allait de même pour les bras. Le livre qu’il chevauchait était encore sur son visage, une mage avait même copulé avec sa joue. Se laissant glisser au sol pour mieux se relever, il fixa ce qui lui faisait face. Un bureau, jonché de dossiers, un ordinateur était même caché quelque part là-dessous, sans doute avec quelques tasses de thé ou de tisane pas terminées. Un parquet, lui aussi caché à plusieurs endroits, par des papiers, par Hayat, par des coussins. Wait. Hayat était au sol, presque couchée, avec un regard plutôt…meurtrier. Des papiers étaient froissés autour d’elle. Ca. Ca allait barder. Depuis qu’elle était arrivée ici, pour soit disant l’encadrer quand il bossait, ce n’était que « Caïn, y’a un problème avec la douche. » , « Caïn, il faut que tu ranges. », « Non Caïn, je ne sortirai pas ce soir avec toi et Nem, merci, allez barboter dans la fontaine tous seuls. ». Un vrai régal. Et le régal rechignait dès qu’on lui demandait d’aider, pour faire bonne mesure, voyons !
Enfin, là, elle avait du glisser au réveil, et avait donc décidé que le moment était opportun pour réveiller le libraire. Même si elle, elle savait qu’il n’était pas que ça. Et elle était même persuadée qu’il n’avait que ça à faire que de rajouter du mobilier dans cette baraque. Etaient donc apparus douche, four, frigo, table basse, et divan, tout ça à cet étage. L’étage avait même été modifié, pour être plus grand que ce qu’il devrait être, compte tenu des dimensions de la maison.
Bref. Faisant comme s’il n’avait pas entendu, il tourna les talons, et alla mettre au grille pain deux croissants, oui les friands, on en a ! avant de se servir un bol de café, pour enchaîner bruyamment.

► Hayaaaat ? Je prépare le petit-déj ! Quand tu auras assez paressé, tu me diras ce que tu veux ? Je voudrais pas que tu sois en retard à ton boulot !

Messages : 15 Date d'inscription : 09/07/2013

La tête légèrement relevée, j'attendais que le petit libraire ne daigne lever ses fesses de son emplacement actuel et qu'il vienne me voir. Non pas pour m'aider, mais pour constater les dégâts. Qu'il voit que son "bordel organisé" n'était que piètre fantaisie de langage et n'était en réalité qu'un tas de fouillis. Un énorme tas de fouillis. Tout de même, avant d'accepter cette "mission", je connaissais un peu le gamin, mais je n'imaginais pas à quel point il pouvait vivre dans un tel fouillis. Dire que sa librairie est relativement bien rangé.. Un tel contraste entre le premier et le deuxième étage .. Dire que je riais au nez de Mademoiselle Nega lorsqu'elle m'avait dit de faire attention ou je mettais les pieds.. C'est mon genoux qui doit bien rigoler en ce moment tiens, j'aurais du la prendre plus au sérieux !

Dans tous les cas, il ne vint pas. Au lieu de ça, il se contenta de faire comme si.. Comme si il ne m'avait pas vu ? Diantre, comment pouvait il louper une personne avec un tel physique, et surtout, des cheveux aussi discret ? Quelle vile plaisanterie. Tandis que je serrais les dents afin de ne pas me baver dessus tel un bouledogue qui aurait chopper la rage, je parvins à me remettre debout en m'appuyant sur le meuble pour me relever. Sale petit garnement. Je le rejoignis sans plus attendre.

Sale petit voyou ! Je t'avais dis de dégager tes papiers de deva...

Ca sent le croissant ? Renifle. Franchissant l'espace qui nous séparait, je me retrouvais nez à nez avec Caïn. Je comptais bien lui faire encore quelques reproches. Il n'allait pas s'en tirer ainsi.

ET puis d'abord ne fais pas mine de t'occuper de si je suis en retard a mo...

Renifle renifle. Ca sent drôlement bon, pensais-je en oubliant de terminer ma propre phrase. Mes sourcils froncés se détendirent légèrement. Puis finalement il se re-froncèrent. Il essayait de m’appâter comme on le ferait d'un animal, c'est ca ? Avec ses croissants qui sentent si bon ? Et le pire, c'est que ca marchait. Dans un soupire, je lui mis une pichenette sur le front.

Essaierais-tu, par pur hasard, de te débarrasser de ma présence chez toi, um ?

» What God gives, He may take ∮ Relations de Caïn
» Closing Time || Caïn

C'est la faute de ce gamin .. [ Caïn ]

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